Lille et Roubaix: quelques souvenirs de juillet

On le sait, l’épidémie de corona reprend ces derniers jours de l’ampleur en Europe et le nombre de nouvelles contaminations est en hausse effrayante, exponentielle. Nous voilà reconfinés…, rien n’empêche en revanche de se remémorer les bons moments du début des vacances… Ce matin, je vous propose quelques souvenirs du mois de juillet où la vie représentait un fantôme de liberté: elle semblait moins dure et légèrement moins angoissante qu’aujourd’hui. Et surtout, les « clusters » épidemiques qui faisaient pourtant partie du quotidien étaient temporairement moins nombreux. La pseudo- sécurité.  

En période normale, non- épidemique, les idées ci- dessous font partie d’une recette 100% réussie pour profiter au maximum et de manière assez originale quand on est de passage à Lille. Quelque part, elles constituent un compte- rendu de l’accalmie estivale:    

« D’abord, si entre mardi et dimanche vous savez pas trop quoi faire dans l’après- midi, allez voir la Manufacture des Flandres, Musée de la Mémoire et de la Création Textile (métro ligne 2, descente à « Roubaix- Eurotéléport », ensuite par la Liane 3, arrêt « Fraternité ». Si vous vous décidez à marcher, la route sera assez longue et vous aurez très probablement besoin de Google Maps). 

Installé dans une ancienne usine de tissage Craye, ce lieu est un voyage insolite dans le temps. Le cadre industriel 100% brique, les hauteurs sous plafond, les espaces exorbitants vous plongent dans un univers qui est aujourd’hui en grande partie perdu. L’entreprise créée ici en 1914 se spécialisait dans la fabrication de tissus d’ameublement; dans les années ’60 elle était réputée pour ses tapis, ses velours, ses tissus jacquards et pour la production mécanique de tapisseries flamandes médiévales. Les collections présentées dans la salle des machines comportent toute une panoplie exceptionnelle de métiers à tisser. Parmi les spécimens- preuves en soi de l’évolution technique, vous verrez ici ceux qui sont actionnés à la main et qu’on utilisait à la maison au Moyen- Age, ceux qui servaient à fabriquer simultanément des rubans de 12 couleurs différentes ou bien qui sont de nos temps assistés par ordinateur… Des échantillons de tissus innovants, des matières commandées aujourd’hui par le ferroviaire prolongent l’ampleur de ce saut dans le futur. Les travailleurs du textile sont déjà devenus virtuels, de même que leur histoire: ils nous livrent leurs témoignages à partir d’écrans suspendus le long du mur, chacun étant propriétaire de son propre morceau (ultra spécialisé) du passé.

Quand j’ai vu de loin le coin dédié à l’exposition « Roubaix, Métamorphoses d’une ville textile », je me suis dit « mince, il y a là- bas très peu d’objets, presque uniquement des textes, j’aurai jamais le temps de les lire au cours d’une seule visite ». Créé à l’entrée de la Salle des Machines, il passe presque inaperçu à première vue. Puis, tout se passa de manière extrêmement rapide car ces écrits sont plus qu’intéressants. Accompagnés de photos, ils racontent l’aventure unique de la ville, ils jouent avec la forme du récit pour paraître encore plus authentiques. Tout commence à la fin du Moyen- Age quand les seigneurs décident de fonder un gros bourg « drapant », Pierre de Roubaix obtenant alors l’autorisation de Charles le Téméraire de faire « licitement draps de toutes laines ». Roubaix grandit lentement autour du château seigneurial, en passant par une longue période rurale: il est doté alors de 23 hameaux et d’environ 60 fermes. Mais c’est aussi un terrain d’innovation: le bourg entre en concurrence avec Lille, en se spécialisant dans le textile jusqu’à la révolution industrielle. La première machine à filer de 400 broches arrive à Roubaix en 1804 sur ordre d’Eugène Grimonprez. Elle est inventée en Angleterre pour le traitement du coton, s’appelle la « mule- jenny » et jette les bases de la filature industrielle. On reçoit ensuite en 1820 la première machine à vapeur, encore plus puissante et on commence à rajouter les métiers « à la Jacquard » qui mélangent les dessins et les fibres. En 1843 la mule automatique est introduite par Louis Motte Bossut. A partir de 1850, on se dirige vers la mécanisation du peignage de la laine et en 1870, on entame la mécanisation du tissage en faisant appel aux techniques toujours plus performantes.   

Les avancées technologiques donnent naissance aux premières usines à partir de 1828 et sont suivies d’une vraie croissance démographique, trois fois supérieure à celle de la capitale. L’envolée est foudroyante, comparable uniquement avec Manchester et Bradford, un autre centre lainier. On passe de 8 091 habitants en 1800 à 125 000 en 1900, quand Roubaix devient la dixième ville française. Elle se construit autour du textile: la plupart des habitants y participent et toutes les branches sont au fur et à mesure réunies dans la ville. Au début de la révolution, c’est-à-dire dans les années 1840, les fondateurs des usines sont fréquemment des descendants de propriétaires terriens et fermiers. L’industrie de l’étoffe détermine le développement frénétique roubaisien tout au long du 19ème siècle. En 1850, la ville jouit déjà d’une grande notoriété et est considérée comme la capitale des tissus façonnés. Roubaix est un fruit de l’âge d’or du capitalisme radieux: à tire d’aile, elle devient une usine en soi, un grand centre européen du textile. Et progressivement, la capitale mondiale de la laine. Son architecture est alors presque entièrement dominée par les besoins de son activité: après les fermes, quelques maisons près de l’église Saint- Martin et les bâtiments de l’époque préindustrielle (l’usine Delattre), arrivent les petits établissements (ex. la distillerie La Confiance) et les bâtiments en rez-de chaussée à sheds (ex. la Manufacture, la filature Cavrois- Mahieu ou l’usine de velours Motte). Les courées, forme du logement installée autour des usines prolifèrent et enfoncent les occupants dans la cohabitation forcée. Ces premières sont à l’époque souvent mal entretenues, équipées d’une pompe à eau/ d’un robinet, d’un tonneau collectant les eaux pluviales et des latrines partagées. Les maisons ouvrières, deuxième forme de logement populaire paraissent un peu plus confortables: elles sont alimentées en eau courante. On se lance par ailleurs dans la construction d’un canal, des banques, d’un hôtel de ville… Entre 1840 et 1870, Roubaix est en plein accroissement, malgré un manque criant d’urbanisme concerté. La ville ne se refuse rien: à partir de 1900, elle dispose également de grands magasins, d’hôtels modernes et d’un tramway alors que la partie sud est encore couverte de champs.  

Je m’approche de rares objets exposés dans cette partie, ce sont eux qui transmettent la mémoire: je regarde les briques, les carreaux de céramique. Certains morceaux brillent en noir profond, c’est bizarre, j’ai l’impression de toucher l’histoire. A la même période, de plus en plus d’édifices et de « châteaux de l’industrie » modifient le paysage urbain: l’énorme « usine monstre » de coton créée par Motte- Bossut (1843), la filature Wibaux- Florin (1895), le Conditionnement de la Chambre de Commerce (la Condition Publique) (1901) dédié à l’entreposage de cotons, soies et laines, l’usine de velours Motte (1903)… On veille à ce que ces bâtiments résistent au feu en ayant recours aux techniques spéciales de construction. Difficile à dire quel projet dépasse les autres sans équivoque mais en 1862, on construit la filature Motte- Bossut, l’une des plus remarquables parmi une cinquantaine de grandes usines de cette époque. Un nouveau type de bâtiments apparaît en parallèle. A la fin du 19ème siècle, les patrons du textile, négociants ou fabricants prospères se concentrent à l’ouest de la ville avec leurs beaux hôtels particuliers construits pour les familles Roussel, Motte, Tiberghien, Ternynck, Vanoutryve et Toulemonde. Ils les commandent notamment auprès d’Edouard Dupire et d’Alfred Bouvy, architectes. C’est à ce moment là, en 1880 que l’on construit dix- huit demeures dites du « rang des Drapiers » boulevard du Général de Gaulle. Les affaires fleurissent, on est à l’apogée industrielle de Roubaix. Les grands acteurs de cette épopée textile se transforment en une classe sociale supérieure, ils constituent la bourgeoisie roubaisienne. Les entreprises familiales sont à l’origine du patrimoine partagé entre les fils, les alliances entre les familles telles que les Lepoutre ou les Prouvost deviennent alors fréquentes. 

En un siècle, l’industrialisation accélère de manière incroyable, la consommation annuelle de charbon passant de 0 en 1810 à 7 200 000 tonnes en 1910, d’eau de 400 000 m3 en 1810 à 15 millions de m3 en 1910, le nombre d’établissements industriels de 15 en 1810 à 267 en 1910 et le nombre de machines à vapeur de 0 en 1810 à 295 en 1910. Mais qu’en est- il des ouvriers? Au début du 19ème, ces derniers travaillent dans des maison « à l’otil », c’est-à-dire sur les métiers de tissage manuels. Ils dépendent des marchands- fabricants qui achètent les matières premières et les distribuent ensuite aux journaliers et paysans. La part de la force ouvrière augmente avec la production: en 1810, 3500 ouvriers sont actifs mais en 1910 il y en a 60 000. En 1830 les besoins en main d’oeuvre dans des usines sont déjà importants, de plus en plus de tisserands ruraux, de femmes travaillant auparavant dans des mines et d’ouvriers du lin flamand plongé alors en déclin s’installent dans la ville. Entre 1850 et 1970, on fait recours aux employés étrangers. Plusieurs vagues conséquentes d’immigration en provenance de Belgique (la moitié de Roubaix est d’origine belge en 1875), Pologne, Italie, Portugal, Algérie, Maroc, Tunisie et d’Asie se suivent. Les conditions de vie sont pénibles à partir de 1840 et cet état dure pendant des décennies, il ne s’améliore qu’avec l’arrivée des machines. D’abord, les ouvriers s’installent dans les quartiers les plus modestes, ils exercent d’ailleurs dans la chaleur, l’humidité, le bruit et la poussière des fils, 13 à 14h par jour. Personne ne se soucie de la pollution de plus en plus envahissante, provoquée par des cheminées d’usines. Les enfants ne sont pas épargnés: ils travaillent dans les usines dans un contexte difficile et dangereux, par exemple dans les tissages pour réparer les fils cassés sous les machines en fonctionnement. Ils commencent très tôt, à l’âge de 6 ans et travaillent parfois plus de 15h par jour. Cette situation ne commence à changer qu’en 1841 où l’on instaure une interdiction de faire travailler les enfants de moins de 8 ans. En 1881 Jules Ferry décide de rendre l’école obligatoire et gratuite entre 6 et 13 ans. En 1880, une vague de grandes grèves commence et prépare le terrain pour le premier partir ouvrier en 1881 et les premières coopératives postulant le pain moins cher. Henri Carrette, un ancien ouvrier tisserand devient le premier maire socialiste de Roubaix en 1892. En 1904 la journée de travail est réduite à 10h et le salaire moyen d’un ouvrier est l’équivalent de 260 € par mois aujourd’hui. L’année 1919 est celle du premier congé maternité non payé et l’on instaure en 1936 les premiers congés payés. En 1943, une nouvelle avancée a lieu: désormais 1% des salaires sera consacré à la construction de logements pour les employés des usines.

Entre le début du 19ème et la Première Guerre mondiale, tout ce qui se construit à Roubaix est directement lié au textile. Des quartiers entiers sont modelés, comme celui de la filature Motte- Bossut (1843) ou de la filature Cavrois- Mahieu. Le Fort Frasez construit en 1838 concentre une 100 de maisons. A partir de 1860, on travaille sur le développement architectural et l’embellissement de la ville. Ces efforts passent par le captage des eaux de la Lys, l’aménagement du parc de Barbieux, de nouveaux boulevards et d’avenues, ex. l’avenue de l’Impératrice. De nouvelles résidences édifiées dans la partie sud- ouest et le long de nouveaux boulevards à partir de 1880 contribuent à cette image de prestige que l’on essaie d’attribuer à la ville. Très peu de bâtiments pré- industriels subsistent aux changements.       

Après la Première Guerre mondiale on essaie de diversifier le paysage urbain et d’améliorer les conditions de vie, en lançant aussi le projet HBM (« habitations à bon marché » décrites déjà dans la loi de 1912) dans le Nouveau Roubaix. Equipées en installations d’eau chaude, froide et d’électricité, elles s’inspirent de l’école moderne d’Amsterdam, d’influences anglo- normandes et d’Art déco. Sur le plan architectural, on entreprend aussi un nouveau plan d’extension et d’embellissement élaboré par Jacques Gréber en 1921. L’hégémonie de l’industrie ne faiblit pas: Roubaix héberge la Bourse mondiale de la laine jusqu’au 1928. Les laines du Pingouin de la Lainière de Roubaix déclenchent dans les années ’30 une nouvelle version de la distribution moderne, la franchise. Le succès global du textile est incontestable et son influence fulgurante.

Le génie des industriels repose non seulement dans l’évolution, l’adaptation et l’innovation constante mais se traduit aussi par les stratégies d’autofinancement et de réinvestissement. Tous ces piliers structurels agissant ensemble permettent le développement et le perfectionnement de la production textile pendant presque 2 siècles. Roubaix est une terre ouverte à l’international: ses patrons- industriels créent des comptoirs d’achat de matières premières et importent la laine d’Afrique du Sud, d’Argentine et d’Australie via Ostende en Belgique, plus tard par train (depuis 1942). Ils ne ménagent par leurs efforts car en parallèle de leur activité en France, ils ouvrent des filiales en Pologne, en Russie et exportent les produits en laine et coton vers tous les voisins frontaliers, la Grande Bretagne et les US.

L’industrie fait émerger plusieurs personnalités célèbres. Joseph Pollet (1806- 1879) est le créateur de la première filature mécanique de laine peignée « Joseph Pollet et fils ». Son fils, Charles Pollet renomme la société « Charles Pollet et fils- Filatures de la Redoute ». Son petit- fils, aussi Joseph Pollet invente le concept de la vente par correspondance en 1922 et crée le premier catalogue de vente à distance en 1928. Grâce à ses idées, Roubaix est pionnière dans la VPC et donne naissance à l’une des sociétés les plus mythiques du marché français. Aujourd’hui, La Redoute est tournée vers l’e- commerce et expédie 12 000 000 de colis par an.

Eugène Motte (1860- 1932), fils d’Alfred Motte- Grimonprez est un grand bâtisseur d’usines et se trouve à la tête du patrimoine industriel familial. Plus tard, il dirige un véritable empire industriel, devient Président de la Chambre de commerce de Roubaix- Tourcoing et maire. Il est à l’origine de construction du nouvel hôtel de ville et de l’achèvement de l’hôpital de la Fraternité.

Jean- Baptiste Lebas, un autre Roubaisien célèbre est maire et ministre du Travail entre 1936 et 1937. C’est lui qui établit les congés payés cités plus haut ainsi que la semaine des 40 heures.

Les innovations industrielles sont accompagnées de progrès entrepris dans d’autres domaines afin d’exprimer une vision complète de la ville moderne: l’hygiènisme, c’est-à- dire la théorie insistant sur la circulation de l’air et de la lumière naît de ces réflexions. Après la Première Guerre mondiale, près de 80% des enfants présentent des signes de tuberculose; l’épidémie fait des ravages notamment dans les familles ouvrières. Dans le souci de préserver la santé publique, on décide donc de construire l’hôpital de « la Fraternité » (1907), des dispensaires antituberculeux ainsi qu’un centre de cure. Une attention des plus en plus soutenue est portée aux vaccinations et à l’inspection médicale des enfants. L’année 1920 voit arriver un Plan de Sauvegarde des enfants qui est à l’origine du futur Centre sportif municipal. La colonie de vacances et l’école de plein air sont ensuite fondées en 1921 par Jean- Baptiste Lebas, maire et Léandre Dupré, son adjoint et médecin. Ce « sanatorium école » conçu pour soigner les enfants anémiques et tuberculeux fini par être intégré au Centre sportif municipal inauguré en 1931 et accueillant chaque année l’arrivée de « Paris- Roubaix ». En 1932, grâce à Albert Baert et toujours dans l’esprit de la mouvance hygiéniste innovante, on entame la construction de nouveaux bains municipaux rue des Champs. Depuis 2001, ils accueillent La Piscine, musée d’art et d’industrie André Diligent. L’école de plein air ferme en 1980, la colonie de vacances en 2012 pour sa part.       

En 1950, la région devient la super- héroïne de l’industrie textile: 60% des vêtements en laine portés en France sortent des manufactures de Roubaix et de Tourcoing. En 1953, on dénombre à Roubaix 323 cheminées dont 39 qui subsistèrent jusqu’à aujourd’hui. Roubaix est forte comme Catwoman et profondément changée dans tous ses aspects, elle constitue un patrimoine industriel exceptionnel en soi. Le boom économique semble alors éternel.  

Comme d’habitude, on s’y attendait pas, le bonheur semblait trop stable, l’ampleur et les signes matériels de la prospérité trop évidents. Mais, banalité, toute aventure a une fin. Le déclin commence avec la popularisation de nouvelles modes: on remplace progressivement le pantalon en tissu de laine par le jean. Aussitôt, le tricot devient moins prisé; l’industrie textile est désormais définie par les progrès techniques et ses capacités d’automatisation. En revanche, les grands immeubles français et européens s’y prêtant peu, ils refoulent l’avènement d’une nouvelle ère. Le secteur régresse déjà dans les années ’60 alors qu’une vraie crise éclate à Roubaix entre 1970 et 1980, arrive alors la phase de désindustrialisation. Elle est accompagnée de licenciements à grande échelle, de fermetures d’usines et de commerces, de grèves et de destruction sociale. On ferme en 1981 la filature Lepoutre, la Motte- Bossut en 1982. En 1962, l’industrie emploie encore 47 000 personnes, mais elle passe à moins de 12 000 en 1981, une énorme chute. De nombreux bâtiments industriels sont progressivement démolis, les commerces disparaissent rues de l’Epeule, de Lannoy, Grande Rue et avenue Jean- Baptiste Lebas. 

Toutefois, les premières reconversions commencent déjà dans les années ’80. On transforme le secteur de « l’îlot Crouy ». Les anciens locaux du négociant Tiberghien deviennent les ateliers d’artistes « Jouret », l’ancienne bonneterie Cavrois, un hôtel d’entreprises. L’ancien peignage Allart- Rousseau et Cie, des lofts, l’ancienne filature Toulemonde, une antenne universitaire ou bien plus tard, l’ancien tissage Roussel, les studios de danse pour les Ballets du Nord. Les anciens bains municipaux se reconvertissent de manière spectaculaire en musée d’art et d’industrie André Diligent, La Piscine. On lance en 1998 une campagne de protection Monuments historiques, puis en 2001, une Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP). En 2001 Roubaix devient par ailleurs l’un des premiers territoires industriels à recevoir le label « Ville d’art et d’histoire ». La Manufacture n’est pas le seul établissement faisant durer la mémoire textile de Roubaix. La Piscine, la Médiathèque de Roubaix ainsi que les Archives municipales contribuent à la rendre vivante. A part le Site patrimonial exceptionnellement riche (5 bâtiments inscrits au « Patrimoine du XXème siècle »), la ville compte de nos jours 44 monuments historiques, ex. les courées Dubar- Dekien et un site classé (le parc de Barbieux).

Aujourd’hui encore, quelques sièges sociaux d’entreprises textiles françaises mondialement connues se trouvent à Roubaix, dont celui de La Redoute, de Damart ou d’Okaïdi. Les 3 Suisses étaient installés ici il n’y a pas si longtemps.

Néanmoins, l’avenir est dans l’adaptation aux contraintes d’une nouvelle réalité globalisée. Une part de plus en plus importante de la vente, de la promotion et de la distribution se fait désormais en ligne. Très rarement, un seul atelier européen suffit pour assurer l’ensemble de la production d’une société textile contemporaine. Okaïdi est par exemple diffusée dans 65 pays et collabore avec de nombreux fournisseurs; sa zone d’approvisionnement s’étend de l’Asie jusqu’aux bassins méditerranéens. 

Grâce aux opportunités actuelles, on essaie de renouer avec la vieille tradition. Certes, le textile à Roubaix et dans ses alentours n’est plus du tout ce qu’il était en plein essor de la révolution industrielle du XIXème, l’ancien monde de la surpuissance est mort. Mais on recherche toujours ce même dynamisme, cette même ardeur en adaptant l’offre architecturale et le réseau de transports aux temps modernes. Le métro arrive en 1999. En 2012 à Tourcoing, afin d’exprimer l’engagement de toute une région pour dynamiser une filière textile d’avenir, voit le jour le CETI (Le Centre européen des Textiles innovants). Avec la Plaine Images, il fait partie d’un site d’excellence économique dédié également aux industries créatives, vecteurs de cultures contemporaines. Le CETI a entre autres pour but de concevoir les nouvelles matières, trouver de nouvelles applications, minimiser l’empreinte environnementale de la filière textile et de rendre accessibles les « smart technologies ». Chose remarquable: Le Centre se trouve de nos jours dans le Top 5 des centres techniques mondiaux ! Il s’inscrit dans le principe de Ville Renouvelée mené par la Métropole Européenne de Lille et consistant en une reconversion d’anciennes friches industrielles. Le projet vise le renouvellement urbain. Son échelle paraît importante et englobe 80 hectares partagés entre Roubaix, Tourcoing et Wattrelos, c’est-à-dire le Quartier de l’Union. L’héritage de l’étoffe reste au coeur du patrimoine régional.   

Le seul bémol de cette sortie à la Manufacture? Le trajet aller- retour depuis le métro vers le musée. En pleine journée, le quartier était TOTALEMENT vide, à part plusieurs groupes de mecs au regard menaçant, puis quelques ombres se cachant prudemment derrière les rideaux au rez- de- chaussée des immeubles rouge- orange. Le tout embrassé par des rafales chaudes de vent, soulevant des feuilles mortes, sèches comme de l’amadou. Je ne veux pas imaginer ce que ça donne tard le soir mais on remarque facilement que ce quartier nécessite encore énormément de travail de revitalisation. Y venir en voiture ou à plusieurs aurait sans doute été une meilleure idée.

La Manufacture est située au 29, avenue Julien Lagache, les visites guidées se font à 14h, 15h et 16h, il n’y a pas de visite libre et je vous conseille de vérifier toutes les infos actuelles ici. Le tarif plein est à 6€, le réduit à 4€. Ce lieu expose également des créations tout à fait contemporaines, en l’occurrence les broderies que vous pouvez voir ici, dans ma galerie de photos.  

Et voici ma deuxième proposition: les ateliers de céramique par Lana Ruellan à La Cofabrik de Lille au 1, rue Charles Delesalle. Vous trouverez ici tous les détails concernant les prix et formules. Le monde de la déco faite- main, tout ce qui rencontre aujourd’hui de plus en plus de succès sur Insta et compagnie, ce qu’on appelle exquisément « du homemade » m’a toujours fascinée. En même temps, je le craignais et l’évitais de loin toute mon enfance, en craignant la nouveauté, l’irréversibilité, la fragilité des éléments. Je privilégiais la littérature et l’écriture que l’on pouvait toujours modifier, corriger, façonner à l’infini à sa manière. Je me sentais puissante en fugacité d’idées et en pouvoir de mots. Et pourtant, cette semaine, une amie artiste m’a proposé de l’accompagner à un cours de modelage mené par Lana, une prof à la fois super sympa, intelligente, délicate et précise dans ses gestes, ses explications. J’y allais le coeur battant, en s’imaginant les techniques compliquées à devoir explorer et mettre en place en seulement 2 h et demi. 

Strier, barboter, mélanger les terres: les mots de base m’étaient complètement étrangers. Les élèves autour m’impressionnaient par leurs capacités de concentration et d’aptitudes pour le calcul de proportions. Par prudence, j’ai choisi de créer… attention… un ver de terre en chapeau…que je présente fièrement ici. 

Pourtant, la peur disparut vite afin de laisser la place à l’envoûtement par la matière ludique. Je suis sortie de cet atelier rassurée: il s’avère qu’avec beaucoup, beaucoup d’effort et de régularité, les choses physiques, concrètes et palpables sont elles aussi, possibles à apprendre. Aussi, ce qui m’attire davantage, ce sont les émails, le jeu entre le mat et le brillant, le diapré et le terne. Cette ambiance créative du « Thé de Fous » d’Alice au pays des merveilles… Vous souvenez- vous de la théière du Chapelier et de ses versions postérieures, tellement ancrées dans notre pop- culture, toutes plus dingues l’une que l’autre? Les formes « tout est faisable ». Les panoplies de couleurs, de personnages, de boursouflures et d’entonnoirs dédoublés, voire quadroublés? Eh bien, vous pouvez avoir tout ça en vous inscrivant en cours de Lana. J’ai hâte de peindre, puis de cuire mon ver de terre au prochain atelier.    

On se demande parfois comment bien sortir du confinement parisien passé dans des micro- apparts super chers au quatrième étage, mais sans forcément partir en fin fond de campagne ni faire de voyages exotiques. Ces derniers, il faut l’admettre, ont perdu pas mal de leur charme à cause du Covid. Je crois avoir trouvé ma solution personnelle et elle se trouve à Hellemmes, en banlieue lilloise. Quelques meilleurs amis en télétravail. Un petit bout de jardin bien calme, ultra- rempli de framboises, de courges Butternut, chou- kale Red Russian, fraises, cornichons et tomates Mikado; débordant de roses sauvages et de lilas. Pas mal de jardinage, y compris de A à Z, c’est-à-dire le semis selon les méthodes de culture appropriées à chaque espèce. 7 chats loufoques, dont 5 assignés en résidence permanente à notre maison. 6 variétés de miel différentes. Des cours de yoga en plein soleil dans l’herbe, au rythme de bruissements authentiques et non pas ceux provenant de YouTube. Ouf, je peux enfin respirer…, pour la première fois depuis 3 mois. Plein, plein de pain cuit- maison à la farine complète et aux graines de tournesol, plusieurs hectolitres de thé bio smoky à côté d’une grande assiette de tartiflette chaude le soir, par un temps pluvieux. Une semaine après, je me retrouve neuve, les batteries mentales sont pleinement rechargées. A refaire, dès que possible! 

PS. Sur les trajets Paris- Lille, les départs en cars réalisés par Flixbus sont une alternative intéressante au TGV. Il existe des promos à 18 € environ, l’aller- retour. Par contre, c’est une moins bonne idée si vous devez absolument arriver à un horaire précis: les bus sont souvent annulés et ensuite reportés pour plus tard. Dans ce cas, il vaut mieux réserver un train.

  • Pour cet article, je me suis largement inspirée de la brochure « Focus Roubaix, Métamorphoses d’une ville textile » Villes & Pays d’Art & d’Histoire  

Il s’agit bien évidemment de souvenirs. Les conseils ci- dessus ne s’appliquent pas à la période de circulation active de virus, telle que nous la vivons aujourd’hui. Suivez les consignes officielles des autorités médicales et restez chez vous.  

Les Juifs / Żydzi

On m’apprenait en cours de polonais qu’il existait des mots- valises remplis de multiples significations, évoquant des milliers d’associations d’idées, portant derrière eux toute une histoire, de nombreux contextes. Des mots infinis. Brulants. Des mots- souvenirs, des mots tabous.

« L’holocauste » (la Shoah) a en Europe Centrale un héritage très particulier, il y vit de sa propre vie. Une vie différente des autres parties du monde, j’ai l’impression.

D’abord, il y a la question des victimes. Victimes que nous sommes tous, sur cette terre choisie on sait pas trop pourquoi par le Diable, pour perpétrer ses actions les plus atroces. Victimes- Juifs, victimes- Roms, victimes- Polonais, victimes- Tchèques, Slovaques, Lituaniens, Lettoniens, Estoniens et Hongrois… Victimes- Roumains, Russes et Biélorusses, Allemands et Ukrainiens. Victimes des experimentations médicales, victimes- personnes âgées, victimes-homosexuels, -intellectuels, -handicapés, -opposants de l’Armée du Pays, -orthodoxes – catholiques -combattants des soulèvements -artistes – médecins – Justes parmi les Nations du Monde, -athées, – l’élite, – communistes et anti- communistes, -anti- nazis, -militaires, victimes-civils … Et bien d’autres. Nous avons personnellement vécu l’horreur de plus près, au plus profond de sa moelle épinière. Nous savons donc « tout sur elle, sur son aspect réel et nous le savons mieux que les autres ». Depuis 4 générations et pour les générations à venir. A l’école primaire, dès l’âge de 7, 8 ans on nous en parle. On écoute et on commence à se dessiner en tête un Rond Imaginaire de la Terreur avec ses parts de souffrances dégoutantes, attribuées à chacun: au bout de quelques années, chaque élève a déjà crée pour soi, imaginé sa forme circulaire privée, un schéma détaillé où chaque groupe ethnique, national, social, religieux ou autre, occupe son terrain de malheur spécifique, plus ou moins grand. On attribue évidemment aux Juifs la part la plus grande de cette forme amère. Officiellement.

Il y a des visites obligatoires dans des camps de concentration (chose que l’on ne fait pas du tout assez dans les pays occidentaux, je trouve). Auschwitz- Birkenau. Visites importantes, essentielles. Ici souffraient les Juifs. Ici, on martyrisait les Juifs. Ça se passait ici. Des tas de cheveux. Des masses de chaussures en pile, de prothèses. Des cellules obscures où l’on suffoquait du manque d’air. Des baraques en bois sans aucune protection en hiver, par le froid polonais. « Le 02 mai 1942, je vis encore » gribouillé haut sur un mur, certainement d’un bout de crayon trafiqué par un prisonnier. De cette inscription, je me souviendrai toujours. Les « fameux » rails de train et la « fameuse » Tour que l’on voit sur toutes les photos quand on cherche « Auschwitz » (Oświęcim) sur internet. L’effroi. La mort omniprésente nous lance des regards douloureux du fond des fours de crématoriums. Au moins 2 fois. A l’école primaire.

Beaucoup d’immaturité. De bêtise. De manque de conscience et d’imagination. Nous traversions la Place de Fusillades à Brzezinka (Birkenau) avec les filles, tout en rigolant, en se racontant des histoires drôles de la veille, complètement hors sujet, jusqu’à ce que notre Prof d’histoire nous réveille brutalement de ces éclats de rires honteux, débiles. Totalement déplacés. Je m’en rappelle aujourd’hui, avec abomination. Nous avions 11 ans précisément. Ce moment- même m’a réellement traumatisée car je me suis rendue compte que tout en m’intéressant depuis toujours au meurtre perpétré sur les Juifs (et je m’y intéressais davantage que les autres autour de moi, très probablement), je le considérais en même temps comme quelque chose de lointain, irréel, diamétralement différent. D’étranger. Je riais parce que pour moi, ces atrocités étaient non seulement finies à jamais mais tout simplement opposées ‘aux gens normaux’. Je les écartais.

Car il ya des Sympa. Ma famille. Mes grands parents et ma maman pour qui discriminer un Juif, discriminer quiconque d’ailleurs (en commençant par ses pensées) égalait « stupidité extrême, indigne d’un homme intelligent ». Mon grand- père, capable de pardonner. D’aimer les Allemands après la guerre. Ma grand- mère naïve, pensant partout dans chaque situation que l’univers est rempli de gentillesse jusqu’aux bords, jusqu’au pivot même de son tissu structurel. La gentillesse étant sa nature, sa construction, sa colonne vertébrale constitutive, par conséquent, 99% des gens qui nous entourent sont non seulement aimables, altruistes, sensibles comme des feuilles transparentes de châtaigne à la brise. Honnêtes par défaut. Ils sont logiquement incapables du moindre péché… Pendant des années et des années entières, je pensais comme elle et il me reste encore aujourd’hui pas mal de traces de cette mentalité, impossible à combattre. L’holocauste était dans ce contexte quelque chose d’affreux mais en même temps d’unique dans l’histoire. Puisque les gens mauvais étaient eux aussi uniques. Quasi inexistants. Des psychopathes très très rares qui n’arrivaient qu’une fois, de cruels cyniques qui venaient et disparaissaient ensuite à jamais tel un bref feu d’allumette dans une caverne primaire. De grotesques exceptions à la règle générale de bienveillance. Une erreur inexplicable dans le déroulement autrement calme, tout doux comme une mousse rose poudré d’un bain chaud. Une faille du Temps Universel Idéal, tellement honteuse qu’elle ne pourra plus jamais se reproduire. Nous nous sentions supérieurs au Mal.

Jusqu’à 16 ans je crois, la conception de la « banalité du mal »* de Hannah Arendt, les crimes de « petits fonctionnaires médiocres », les pensées de Primo Levi, de Stefan Zweig (son regard absolument unique sur la naissance du nazisme à Vienne) ou bien les expérimentations psychologiques choquantes de Milgram* sur le degré d’obéissance d’un individu devant une autorité m’étaient totalement inconnues. Dommage? Non. Au moins, je croyais en une amitié sans race ni origine. Il valait mieux rester comme ça.

De la déshumanisation, en commençant par l’Etat, en finissant par des gens ordinaires. Les Juifs. On les décrit toujours par groupes indéfinis, les mentionne par masses amorphes, par un brouillard confus, insensible, se dispersant un tout petit peu plus avec chaque année qui passe. Dans les récits de tous les jours, il y a peu ou pas de Salomea, la vendeuse d’épices d’en face qui portait une robe délicate à pois noirs. Pas de Judyta qui habitait au 5, rue Targowa derrière la porte beige et écrivait des poèmes pas si mauvais que ça. Très bons même. Où a donc disparu Ariel, 76 ans qui boitait légèrement de sa jambe droite et était si bon en maths que 3 générations de Polonais venaient régulièrement à ses cours du soir, pendant des années? Je doute que ce flou résulte de l’oubli et crains qu’il vient plutôt de l’angoisse, de la honte, du refoulement propre aux traumatismes, des excuses. On repousse l’individu aux périphéries les plus totales de la conscience. Des excuses. Il manque de l’amour dans les mots.

Le manque de justesse dans le jugement de l’Histoire. L’injustesse parfois, voyons. De temps en temps, le déni intentionnel et conscient. La négation du statut exceptionnel des Juifs et de leur extermination. « La solution finale de la question juive ». Pourquoi nous oublions si souvent que c’était ça, LE PLAN? Le seul plan, sardoniquement unique, celui qui a failli fonctionner si ce n’étaient ces quelques brins d’herbe sauvés par miracle, grelottant dans le vent de l’Incertaine Coïncidence? « Eux seuls, en tant que seule nation ont été condamnés à l’extinction pour le seul fait d’être Juifs, par conséquent, on ne doit pas mettre les souffrances des autres nations au même niveau en utilisant le terme shoah comme synonyme d’une tragédie ». On est peu nombreux. Peu. Toujours, trop peu de Polonais se répètent ces mots de l’archevêque Życiński. Alors qu’ils le devraient, comme un mantra. L’idéalisation: on met tous les status et toutes les souffrances sur un pied d’égalité, indépendamment des faits. Le silence de l’Eglise catholique, encore plus mort récemment. L’hypocrisie. La propagande. La façon de traiter Marek Edelman qui n’est plus parmi nous depuis 2009 mais était le seul survivant parmi les cinq dirigeants du soulèvement du ghetto de Varsovie. La question de la direction du Musée de l’Histoire des Juifs Polonais Polin. Ces méthodes qui se sont transformées en une Honte Etatique Officielle, devrait- on dire. Tout ceci était plutôt rare, voire très rare quand j’étais petite (et en tout cas, je n’en étais pas consciente) mais devient de plus en plus palpable ces dernières années. Les faux spasmes des Néo- Nationalistes.

La méconnaissance. A ça, on me répond souvent: mais c’est pire en Occident! Va à Paris, va à Londres, va à Stockholm, tu vas voir, personne ne sait ce que c’est Lviv, son ghetto et ses canaux, personne n’est au courant de leur rôle pendant la guerre. Personne n’a entendu parlé de Łódź, de Będzin, de Sobibór, Bełżec ni Białystok et Lublin… Oui, je l’ai vu, effectivement. Mais comme une maman dont l’enfant refuse d’apprendre, nous avons justement plus d’obligations pédagogiques, Puisque ça s’est passé ici, chez nous et chez nos voisins. Notre héritage. La culture générale. On regarde les films mondialement acclamés d’Agnieszka Holland. « La Liste de Schindler » de Spielberg, ultra connue. Mais personne ne nous fait visiter l’ancienne usine de produits émaillés. Située à Cracovie, à portée de main, sous le nez littéral de tout le monde. Je ne connais personne non plus en Pologne qui l’aurait fait tout seul, spontanément et l’aurait raconté par la suite. Zéro. Sans doute parce qu’on EN parle pas assez. Pas d’encouragement, pas de « vas y, c’est important ». La lecture. On lit pas les Juifs ou alors on fait l’impasse sur les grands noms européens: allemands, autrichiens, autres… On oublie Thomas Mann (« La Montagne Magique »!) et Stefan Zweig, pourtant, tous les deux essentiels à la compréhension de cette période de l’histoire. Ses récits fascinants de Vienne: le choc entre la ville magnifique, absolument cosmopolite et la naissance  effrontée du nazisme. On connaît pas, à part les vraies « upper class », le Journal d’Anne Frank. Ecrit à Amsterdam, tellement célèbre et qui devrait être une lecture obligatoire au lycée!! (il est surement cité dans tous les manuels scolaires que j’ai gardés mais je ne me souviens d’aucune pression ni incitation officielle voire même de conseil explicite sur ce titre). Parfois, on lit mais on ne dit pas qu’il s’agit d’un auteur Juif- Polonais. Julian Tuwim, un grand poète, l’un des plus grands, ultra- connu. Qui, à part Witold Gombrowicz le disait à haute voix? Qui soulignait aussi fort l’importance du milieu littéraire juif- polonais des années ’20 à Varsovie? Ou bien on lit pour ne jamais en discuter par la suite. Gross. Ses livres et ses recherches sur l’attitude totalement inacceptable, scandaleuse de certains Polonais durant la guerre. Le silence total, à part quelques émissions- télé/ radio. On ne sait pas en parler. Toujours pas. La peur est envahissante et mord de l’intérieur, elle laisse des plaies ouvertes. Si elle arrive à paralyser tant de journalistes et de chercheurs- historiens, que et comment faire alors avec les gens « ordinaires »? On lit les Juifs, on essaie d’approfondir, de reconnaître le drame surtout, quand tôt ou tard, une voix stridente crie TOUJOURS quelque part, ici ou là « Et, oh, et les Polonais? Eh, eh, on m’entend? les Polonais, j’ai dit!! Nous aussi, nous avons souffert, nous aussi, je vous le rappelle, nous aussi!!! ». Comme si parler des souffrances juives effaçait les nôtres. Annulait le soulèvement de Varsovie.

Le sentiment de culpabilité polonais.

D’abord privé, individuel. Qui étions- nous entre les années ’20 et 1945? Que faisait vraiment ma famille lointaine, leurs amis, copains et collègues? Comment s’est comportée l’élite, les Officiellement Respectés? Au théâtre des Lâches, des Défenseurs, des Bourreaux et des Victimes, des Braves et des Traîtres, des Injustement Taciturnes et des Neutres par Peur, des Gagnants Affreux et des Perdants Absolus, des Moralement Pas Evidents et des Multicolores Difficilement Jugeables, quel rôle jouait- elle? Un rôle de courage? Saurai- je un jour? Aurai- je honte du passé, de la descente aux enfers ou au contraire, serai- je à la fois choquée et ultra- heureuse car une trace de nos racines juives et des exploits héroïques connus de récits s’avèreront enfin vrais? Serait- ce un mélange de tout? J’y pense parfois. La nuit.

Ensuite, public. Ce poids lourd suspendu à jamais au dessus de toute une nation- témoin, tel un nuage noir rempli d’une averse à venir. Il pleut souvent, quelques gouttes au moins. Quelle part de notre faute, à nous? Quelle part de puérilité et bien bien pire, d’indifférence? Sentions- nous la catastrophe venir, plus grande encore que celle qui nous a anéantis? Pouvions- nous faire plus? Mieux? Avertir, cacher, aider davantage, prendre plus de risque? Ne pas en profiter, pour certains de manière atroce? Ne pas dire oui, ne pas s’enfoncer dans l’insensibilité? Etions- nous à la hauteur? Avant et surtout pendant? A quel point et dans quelle mesure? J’en dors pas, parfois. J’ouvre Google en polonais. Des témoignages des habitants actuels de l’ancien ghetto de Cracovie.  J’y tombe par hasard, presque. Septembre 2019. « Dans notre appartement, on entend des hurlements, des cris de brûlés, on a l’impression de vivre avec eux constamment, surtout le soir. » Ça grouille de fantômes. Je ne suis pas la seule à ne pas dormir.

Dans le reportage « Prendre le bon Dieu de vitesse »* par Hanna Krall, une Polonaise habitant un appartement situé dans l’ancien ghetto de Varsovie fait un rêve où elle sent régulièrement la présence de quelqu’un. Une Juive, l’ancienne propriétaire de ce même appart apparaît derrière la porte d’une des pièces. La Polonaise commence à se justifier: c’est un nouveau bâtiment, vous voyez, l’appartement m’a été offert… La Juive est douce, tranquille, elle fait un geste de « tout va bien, calmez- vous » à l’autre. Ensuite, elle ouvre la fenêtre et saute du 4ème étage.

L’Antisémitisme. Avant, c’était pour moi un terme glauque mais totalement obscure. Abstrait. J’étais longtemps persuadée de n’avoir jamais jamais rencontré personne ni vécu aucune situation de ce genre. Jusqu’une fois, où peut-être parce que je n’étais plus un bébé tout mignon, un « ami » de famille a découvert un bout de son vrai visage directement, sur notre sofa du salon. Dit d’un coup et sans avertissement quelconque, sans doute pour que je m’enfuie pas en sentant un non- sens arriver « toutes les faiblesses économiques et politiques polonaises résultaient du pouvoir, de l’influence cachés des Juifs exercés sur l’état, les hauts postes, les fonctions les plus élevées. » Jusqu’au reportage sur « PŁUCZKI »*, Kielce et Jedwabne* à la télé. Jusqu’au jour où je visitais l’un des anciens quartiers juifs avec un pote, et celui- ci s’est arrêté brusquement: « aaah, c’étaient ici, les Żydki? (littéralement «les Petits Juifs », une désignation méprisante dans la langue polonaise) . J’ai passé mes 15 ans de travail dans cette ville et cela ne m’a jamais vraiment intéressé », il a rajouté. Jusqu’au marché de fruits et légumes avoisinant la grande église à Sosnowiec, ma ville natale… Par une journée fraîche, ensoleillée, comme souvent, nous jetons un coup d’oeil avec maman sur l’ancien bâtiment de la famille Szpilman. Je suis contente car des portraits nous regardent via les fenêtres, une inscription figure en bas d’un mur, tout est enfin légèrement personnalisé, contrairement à tant d’endroits dont j’ai parlé plus haut. Un homme, tout sauf soigné interrompt brutalement notre contemplation. – Vous savez qui a habité ici?- il s’approche de nous, d’un pas lourd et d’une voix agressive – Oui, la famille de Władysław Szpilman, un grand pianiste avant qu’ils ne soient transportés de Umschlagplatz à Varsovie à Oświęcim (Auschwitz), lui, c’était le seul de la famille à se sauver…- je pars dans une réponse de plus en plus complète, respire rapidement et commence tout juste à réfléchir comment lui parler du « Pianiste » de Roman Polański et s’il faut que je lui parle tout court, si oui, de quoi d’autre pour le sauver de l’ignorance… quand un cri déchirant part de sa bouche et retentit de haine dans tout le marché, remplissant même ses recoins les plus infimes et se réverbérant d’un piaulement métallique sur la grande cloche de la Cathédrale. – Les Juifs!! Vous le saviez pas? Ici habitaient les conna… s de Juifs!!

En connaissant le courage légendaire de ma mère et en imaginant ce qu’il peut donner en combinaison explosive avec mes propres phrases adressées de plus en plus impertinemment au Monsieur, je la tire par la main de toutes mes forces, pour nous éloigner au plus vite. Pourtant, c’est de ce gars sans style et sans âme dont je me souviendrai toute ma vie.

1* Płuczki: le procédé de recherches d’or et d’objets de valeur dans les corps de Juifs, (victimes des camps nazis allemands) mené par les Polonais, entre autres par les habitants de villages situés autour des anciens camps de concentration de Bełżec et de Sobibór. Décrit par le journaliste, Paweł Piotr Reszka.

2* Jedwabne: un village dans la région de Podlasie où les Polonais ont perpétré un massacre sur les Juifs pendant la Deuxième Guerre Mondiale.

3* « Prendre le bon Dieu de vitesse »*, Hanna Krall: à lire absolument pour ceux qui ne l’ont jamais fait, disponible en français, par exemple ici, sur Amazon .

L’image de Krzysztof Warlikowski provient du magazine « Transfuge ».


Uczono mnie na lekcjach polskiego, że istnieją słowa- walizki wypełnione wieloma znaczeniami, przywołujące na myśl tysiące skojarzeń, niosące za sobą całą historię, liczne konteksty. Słowa nieskończone. Palące. Słowa- wspomnienia, słowa tabu.

Holokaust ma w Europie Środkowej bardzo szczególne dziedzictwo, żyje tu swoim własnym życiem. Życiem innym od pozostałych części świata, mam wrażenie.

Po pierwsze, sprawa ofiar. Ofiar, którymi jesteśmy wszyscy na tej ziemi wybranej nie wiedzieć czemu przez Szatana dla dokonania swych najbardziej makabrycznych czynów. Ofiary- Żydzi, ofiary- Romowie, ofiary- Polacy, ofiary- Czesi, Słowacy, Litwini, Łotysze, Estończycy i Węgrzy… Ofiary- Rumuni, Rosjanie i Białorusini, Niemcy i Ukraińcy. Ofiary eksperymentów medycznych, ofiary- seniorzy i staruszkowie, ofiary- homoseksualiści, – intelektualiści, – niepełnosprawni, – członkowie Armii Krajowej, – prawosławni, – katolicy, – walczący w powstaniach, – artyści – lekarze, – Sprawiedliwi wśród Narodów Świata, – ateiści, – elita, – komuniści i antykomuniści, – oponenci nazizmu, – żołnierze, ofiary- cywile… I wiele innych. Osobiście i z bliska przeżyliśmy horror, w najgłębszych zakamarkach jego szpiku kostnego. « Wiemy więc o nim wszystko, jak naprawdę wyglądał i wiemy to lepiej od innych ». Wiemy od 4 pokoleń, wiemy na wiele następnych. Mówią nam o nim w szkole podstawowej, już gdy mamy 7, 8 lat. Słuchamy i zaczynamy rysować sobie w głowie Wyobrażone Koło Terroru podzielone na poszczególne części obrzydliwych cierpień, przyznawanych każdemu po kolei: po kilku latach, każdy uczeń stworzył, wyobraził już sobie prywatny, okrągły kształt, szczegółowy schemat, w którym każda grupa etniczna, narodowa, społeczna, religijna, czy inna zajmuje swoje własne miejsce nieszczęścia, większe lub mniejsze. Żydom przyznajemy oczywiście najwięcej miejsca w tej gorzkiej formie. Oficjalnie.

Są obowiązkowe wycieczki  do obozów koncentracyjnych (coś, czego brakuje moim zdaniem w krajach Zachodu). Brzezinka- Oświęcim. Wycieczki ważne, kluczowe. Tutaj cierpieli Żydzi. Tutaj maltretowano Żydów. To działo się tutaj. Stosy włosów. Piramidy butów, protez. Ciemne komórki, w których duszono się z braku powietrza. Drewniane baraki, bez żadnej ochrony zimą, w czasie polskich mrozów. «  Drugi maja 1942, jeszcze żyję » nabazgrane wysoko na ścianie ołówkiem z pewnością przemyconym przez więźnia. Ten napis zapamiętam na zawsze. « Słynne » tory kolejowe i « słynna » Wieża ze wszystkich zdjęć, gdy wstukamy « Oświęcim w internecie. Przerażenie. Wszechobecna śmierć rzuca nam bolesne spojrzenia z głębi pieców krematoryjnych. Co najmniej 2 razy. W szkole podstawowej.

Dużo niedojrzałości. Głupoty. Braku świadomości i wyobraźni. Przechodziłyśmy właśnie pod Ścianą Rozstrzelań w Brzezince z dziewczynami wygłupiając się, opowiadając sobie śmieszne historie kompletnie nie na temat z poprzedniego dnia, aż w końcu nauczycielka historii obudziła nas z tych godnych pożałowania, debilnych wybuchów śmiechu. Kompletnie nie na miejscu. Do dzisiaj ze wstydem je wspominam. Miałyśmy dokładnie 11 lat. Ten moment autentycznie mnie straumatyzował bo zdałam sobie sprawę, że o ile od zawsze interesuję się zbrodniami przeprowadzonymi na Żydach (z dużym prawdopodobieństwem bardziej niż inni wokół mnie), wydawały mi się one równocześnie czymś odległym, nierealistycznym, diametralnie różnym. Obcym. Śmiałam się ponieważ dla mnie te okropieństwa były nie tylko raz na zawsze skończone, ale przede wszystkim obce « ludziom normalnym ». Odsuwałam je.

Ponieważ istnieją Sympatyczni. Moja rodzina. Moi dziadkowie i mama, dla których dyskryminować Żyda, dyskryminować kogokolwiek zresztą (począwszy od dyskryminacji poprzez swoje własne myśli) równało się « skrajnej głupocie, niegodnej inteligentnego człowieka ».  Dziadek, który był w stanie przebaczyć. Kochać Niemców po wojnie. Moja naiwna babcia myśląca zawsze i w każdej sytuacji, że wszechświat jest przepełniony życzliwością aż po brzegi, po oś obrotu swojej strukturalnej tkanki. Jako że życzliwość jest jego naturą, konstrukcją, pierwotnym kręgosłupem, w konsekwencji 99% ludzi, którzy nas otaczają jest nie tylko miłych, altruistycznych, wrażliwych jak przezroczyste liście kasztanowca z czasie bryzy. Z gruntu uczciwych. Logicznie niezdolnych do najmniejszego grzechu… Przez całe lata myślałam tak jak ona i pozostało mi do dzisiaj sporo cech tej niemożliwej do przezwyciężenia mentalności. Holokaust był w tym kontekście czymś potwornym, ale równocześnie historycznie jednorazowym. Ponieważ źli ludzie też są jednorazowi. Prawie nieistniejący. Bardzo, bardzo rzadcy psychopaci, którzy zdarzają się tylko raz, okrutni cynicy, którzy nadchodzą i znikają następnie na zawsze jak krótki błysk zapałki w pierwotnej jaskini. Groteskowe wyjątki z ogólnej reguły nobliwości. Niewytłumaczalny błąd w skądinąd spokojnym biegu rzeczy, łagodnym jak pudrowo- różowa piana gorącej kąpieli. Skaza na Idealnym Uniwersalnym Czasie, tak bardzo wstydliwa, że już nigdy się nie powtórzy. Czuliśmy się lepsi od Zła.

Wydaje mi się, że aż do 16go roku życia koncepcja « banalności zła » Hannah Arendt, zbrodnie « zwykłych, przeciętnych urzędników », myśl Primo Levi, Stefana Zweiga, czy szokujące eksperymenty psychologiczne Milgrama* nad stopniem posłuszeństwa jednostki wobec autorytetu były mi zupełnie nieznajome. Szkoda? Nie. Przynajmniej wierzyłam w przyjaźń bez rasy i pochodzenia. Lepiej było żyć złudzeniami.

Dehumanizacja, zaczynając od Państwa, kończąc na zwykłych ludziach. Żydzi. Opisujemy ich zawsze jako nieokreślone grupy, wymieniamy w bezpostaciowych masach, niewyróżnialnej, niewrażliwej, z każdym rokiem trochę bardziej rozproszonej mgle. W codziennych opowieściach jest mało lub wcale Salomei, sprzedawczyni przypraw z przeciwka w delikatnej sukience w czarne groszki. Judyty, która mieszkała pod 5ką przy Targowej za beżowymi drzwiami i pisała całkiem niezłe wiersze. Właściwie świetne. Gdzie zniknął lekko kulejący na prawą nogę 76- letni Ariel, tak dobry z matematyki, że 3 pokolenia Polaków regularnie, od lat przychodziły na jego wieczorne zajęcia? Wątpię, że to rozmycie wynika z zapomnienia i obawiam się, że jest raczej skutkiem lęku, wstydu, wyparcia właściwego traumie, wymówek. Spychamy pojedynczego człowieka na najbardziej odległe peryferia świadomości. Wymówki. Brakuje miłości w słowach.

Niedokładność w ocenie historycznej. Czasem, powiedzmy sobie, niesprawiedliwość. Momentami świadome, celowe zaprzeczanie. Odmowa przyznania wyjątkowego statusu Żydom i ich eksterminacji. « Ostateczne rozwiązanie kwestii żydowskiej ». Dlaczego tak rzadko zapominamy, że taki właśnie był PLAN? Jedyny, szyderczo wyjątkowy, ten który o mało co, o cudem uratowane, chyboczące się na wietrze Zbiegu Niepewnych Okoliczności ździebełka trawy nie wypalił? « „Oni jako jedyny naród skazani byli na zagładę za sam fakt bycia Żydami, więc nie można cierpień innych narodów stawiać na tym samym poziomie, operując słowem holokaust jako synonimem tragedii ». Mało nas. Mało. Wciąż za mało Polaków powtarza sobie te słowa Arcybiskupa Życińskiego. A powinni, i to jak mantrę. Idealizacja: wrzucamy wszystkie statusy i wszystkie cierpienia do jednego worka, niezależnie od faktów. Cisza Kościoła katolickiego, ostatnio jeszcze bardziej głucha. Obłuda. Propaganda. Sposób traktowania zmarłego w 2009 roku Marka Edelmana,  jedynego z pięciu przywódców, którym udało się przeżyć Powstanie w Getcie Warszawskim. Kwestia dyrektora Muzeum Historii Żydów Polskich Polin. Metody, które wypadałoby powiedzieć, przekształciły się w Oficjalny Państwowy Wstyd. Wszystko to było raczej rzadkie, a nawet bardzo rzadkie, gdy byłam mała (a w każdym razie, nie byłam go świadoma), ale jest ostatnimi czasy coraz bardziej odczuwalne. Fałszywe spazmy Neo- Nacjonalistów.

Nieznajomość. Na to często odpowiadają mi: przecież na Zachodzie jest gorzej! Jedź do Paryża, jedź do Londynu, jedź do Sztokholmu, zobaczysz, tam nikt nie wie co to Lwów, jego getto i kanały, nikt się nie orientuje jaką rolę odgrywały w czasie wojny. Nikt nie słyszał o Łodzi, Będzinie, Sobiborze, Bełżcu, Białymstoku, ani Lublinie… Tak, widziałam, rzeczywiście. Ale tak jak mama, której dziecko nie chce się uczyć, mamy tym więcej pedagogicznych zobowiązań. Bo to stało się tutaj, u nas i u naszych sąsiadów. Nasze dziedzictwo. Wiedza ogólna. Oglądamy uznane na całym świecie filmy Agnieszki Holland. Mega słynna « Lista Schindlera » Spielberga. Ale nikt nas nie zabiera na zwiedzanie dawnej Fabryki Emalia. Fabryki znajdującej się w Krakowie, na wyciągnięcie ręki, pod przysłowiowym nosem nas wszystkich. Nie znam również nikogo w Polsce, kto zwiedziłby fabrykę sam, z własnej inicjatywy, a później komuś o niej opowiedział. Zero. Niewątpliwie dlatego, że za mało O TYM mówimy. Nie ma zachęty, żadnego « jedź tam, to ważne ». Czytelnictwo. Nie czytamy Żydów albo pomijamy wielkie europejskie nazwiska, niemieckie, austriackie, inne… Zapominamy o Tomaszu Mannie (« Czarodziejska Góra »!) i Stefanie Zweigu, kluczowych dla zrozumienia tego okresu w historii. Fascynujące wspomnienia z Wiednia tego ostatniego: zderzenie wspaniałego, cudownie kosmopolitycznego miasta z bezwstydnymi narodzinami nazizmu. Nie znamy (poza autentyczną elitą) Dzienników Anne Frank. Napisanych w Amsterdamie, tak bardzo sławnych, tych, które powinny być lekturą obowiązkową w liceum!! (są z pewnością cytowane we wszystkich podręcznikach szkolnych, które zachowałam, ale nie przypominam sobie żadnych nacisków, żadnej oficjalnej zachęty czy choćby wyraźnej porady dotyczącej tego tytułu). Czasami czytamy, ale nie mówimy, że chodzi o autora polsko- żydowskiego. Julian Tuwim, wielki poeta, jeden z największych, powszechnie znany. Kto, oprócz Witolda Gombrowicza mówił o tym na głos? Kto podkreślał równie mocno rolę żydowsko- polskiego środowiska literackiego w Warszawie lat ’20? A czasem czytamy, by później nigdy nie dyskutować. Gross. Jego książki i badania nad skandaliczną, totalnie nieakceptowalną postawą  niektórych Polaków w czasie wojny. Całkowita cisza, z wyjątkiem kilku programów w radio i telewizji. Nie potrafimy o tym mówić. Dalej. Strach jest natrętny, pochłania nas i gryzie od środka, pozostawia otwarte rany. Jeśli udaje mu się sparaliżować tak wielu dziennikarzy i historyków- badaczy, co w takim razie począć ze « zwykłymi » ludźmi? Czytamy Żydów, staramy się pogłębić temat, a przede wszystkim uznać dramat, gdy prędzej, czy później przeszywający głos krzyknie gdzieś ZA KAŻDYM RAZEM « Hej, hej, a Polacy? Hej, słyszycie mnie? Polacy, powiedziałem!! My też, my też cierpieliśmy, przypominam, my też!!! ». Tak jakby mówienie o żydowskich cierpieniach wymazywało nasze. Kasowało Powstanie Warszawskie.

Polskie poczucie winy. 

Po pierwsze własne, prywatne, indywidualne. Kim byliśmy pomiędzy latami ’20 a ‘45tym? Co tak naprawdę robiła moja dalsza rodzina, ich przyjaciele, koledzy i znajomi? Jak zachowała się elita, Oficjalnie Szanowani? Jaką rolę odgrywała w teatrze Tchórzy, Obrońców, Katów i Ofiar, Dzielnych i Zdrajców, Niesprawiedliwie Milczących i Neutralnych ze Strachu, Niegodziwych Zwycięzców i Absolutnych Przegranych, Moralnie Niewyraźnych i Trudnych do Oceny Wieloodcieniowców?  Rolę odwagi? Czy kiedyś się dowiem? Czy będę wstydzić sie przeszłości, odwiedzin w piekle, czy wręcz przeciwnie, będę zarazem zszokowana i przeszczęśliwa bo prawdziwy okaże się wreszcie ślad naszych żydowskich korzeni i heroicznych wyczynów znanych z opowieści? A może to mieszanka wszystkiego naraz? Czasem myślę. W nocy.

Po drugie, publiczne. Ten potworny ciężar zawieszony na zawsze nad całym narodem- świadkiem jak czarna chmura wypełniona nadciągającą ulewą. Pada często, co najmniej kilka kropel. Jaki udział naszej własnej winy? Jaka część dziecinności, czy co gorsza (o wiele gorsza), obojętności? Czy czuliśmy nadchodzącą katastrofę, jeszcze większą niż ta, która nas zrujnowała? Mogliśmy zrobić więcej? Lepiej? Ostrzegać, ukrywać, pomagać bardziej, podejmować większe ryzyko? Nie wykorzystywać sytuacji, w przypadku niektórych w okrutny sposób? Nie mówić tak, nie zapadać się w niewrażliwości? Czy staliśmy na wysokości zadania? Już przed, a szczególnie w trakcie? Do jakiego stopnia? Czasem nie mogę spać. Otwieram polskie Google. Świadectwa obecnych mieszkańców dawnego krakowskiego getta. Natrafiam na nie przypadkowo. Prawie. Wrzesień 2019. « Słyszymy w mieszkaniu wycie, wrzaski palonych, mamy wrażenie jakbyśmy cały czas z nimi mieszkali, głównie wieczorem. » Roi się od duchów. Nie tylko ja nie mogę spać.

W reportażu « Zdążyć przed Panem Bogiem » Hanny Krall Polka zamieszkująca stare warszawskie getto śni o czyjejś stałej obecności. Źydówka, dawna właścicielka tego samego mieszkania pojawia się za drzwiami jednego z pokoi. Polka zaczyna się tłumaczyć: to nowy budynek, widzi Pani, dostałam to mieszkanie… Żydówka jest łagodna, spokojna, robi w stronę Polki gest w stylu « wszystko dobrze, proszę się uspokoić ». Następnie otwiera okno i wyskakuje z 4go piętra.

Antysemityzm. Dawniej był to dla mnie termin ponury choć całkowicie nieznajomy. Abstrakcyjny. Długo byłam przekonana, że nigdy przenigdy nie spotkałam nikogo, ani nie przeżyłam żadnej tego typu sytuacji. Tylko raz, być może dlatego, że nie byłam już słodkim dzieciaczkiem, « przyjaciel » rodziny odkrył kawałek swojej prawdziwej twarzy, wprost, na naszej salonowej sofie. Powiedział nagle i bez jakiegokolwiek ostrzeżenia, niewątpliwie dlatego, żebym nie uciekła czując zbliżający się nonsens « wszystkie polskie słabości gospodarcze i polityczne wynikały z ukrytej władzy, wpływu Żydów na państwo, wysokie stanowiska, najważniejsze funkcje.» Aż do reportażu o « PŁUCZKACH », Kielcach i Jedwabnem w tv. Aż do dnia, w którym chodziłam sobie po jednej z dawnych żydowskich dzielnic z kolegą, a ten nagle gwałtownie się zatrzymał: « aaaa, to tutaj były te Żydki? Pracowałem w tym mieście przez 15 lat i nigdy mnie to właściwie nie interesowało », dodał. Aż do targu owocowo- warzywnego obok dużego kościoła w Sosnowcu, moim rodzinnym mieście… Chłodnego, słonecznego dnia rzucamy z mamą okiem na dawną kamienicę rodziny Szpilman, jak to często mamy w zwyczaju. Cieszę się, że portrety spoglądają na nas z okien, jest napis na dole ściany, wszystko jest wreszcie lekko spersonalizowane w przeciwieństwie do tylu miejsc, o których mówiłam wyżej. Naszą kontemplację brutalnie przerywa człowiek, o którym można powiedzieć wszystko oprócz « zadbany » . « Wiecie, kto tutaj mieszkał? »- zbliża się do nas ciężkim krokiem i agresywnym głosem. – Tak, rodzina Władysława Szpilmana, wielkiego pianisty, zanim nie zostali przetransportowani z Umschlagplatz w Warszawie do Oświęcimia, on był jedynym z całej rodziny, który się uratował… – kieruję się w coraz bardziej to rozwlekłą wypowiedź, szybko oddycham i właśnie w tej chwili zaczynam zastanawiać się jak opowiedzieć mu o « Pianiście » Romana Polańskiego i czy w ogóle powinnam z tym człowiekiem rozmawiać, a jeśli tak, to o czym jeszcze, by uchronić go przed niewiedzą… gdy rozdzierający krzyk wydobywa się z jego ust i rozbrzmiewa nienawiścią na całym rynku, wypełniając nawet jego najbardziej mikroskopijne zakamarki i odbija się metalicznym brzękiem na wielkim dzwonie Katedry. – Żydzi!! Nie wiedziałyście?? Tu mieszkały te skur…ny, Żydzi!!

Dobrze znając legendarną odwagę mojej matki i wyobrażając sobie, co może dać w wybuchowej kombinacji z moimi własnymi, coraz bardziej bezczelnie wypowiadanymi do owego Pana zdaniami, ciągnę mamę z całej siły za rękę, starając się jak najszybciej oddalić. A jednak tego właśnie faceta bez stylu i duszy będę pamiętać całe życie.